Dans les années 50 & 60

Les années 50

1952-1962 : la génération des « vaucressoniens »

Podcast : les années 50
Informations[1]

Le terme de “vaucressonien” fut largement employé pour évoquer les premières promotions d’élèves-éducateurs.

Le projet d’Henri Michard, élaboré dès les lendemains de la guerre, met l’accent sur le fait que « la formation de l’éducateur ne se limite pas au domaine de la connaissance théorique et pratique. Elle englobe une formation sur le caractère ». On parlerait aujourd’hui de la formation de la personne. « Toute formation doit être individualisée et permanente, elle se poursuit pendant toute la carrière, et doit s’articuler sur les recherches en cours. »

«Sur les traces des premiers éducateurs de l’Éducation surveillée, 1937-1962 » Morceaux choisis article de Jacques Bourquin

Le centre de formation et d’études

Il est implanté, en 1951, à Vaucresson, dans un château proche de Paris, acheté par le ministère de la Justice. Henri Michard est nommé directeur de ce centre dont il souhaitait qu’il permette, géographiquement, des rapports et des liens étroits avec la direction de l’Éducation surveillée. Une propriété, suffisamment grande pour que les élèves-éducateurs puissent y être internes et y pratiquer des activités sportives.

Dès 1952, sont organisées quatre sessions de formation permanente qui accueilleront tour à tour les délégués à la liberté surveillée, les juges des enfants, les psychologues, les directeurs d’établissement. La première promotion d’élèves-éducateurs recrutée par concours national en 1952 sera formée à Vaucresson entre janvier et juin 1953. Aux 19 élèves-éducateurs/éducatrices recrutés, s’ajoutent 9 délégués permanents à la liberté surveillée, nouvellement nommés, qui ne relèvent pas encore de l’Éducation surveillée, ils sont recrutés sur titres, assistant social ou licencié en droit, par les tribunaux pour enfants.

Pour des raisons d’ordre pratique, cette promotion ne recevra qu’une formation théorique de 6 mois, suivie par un stage pratique de 3 mois et demi.

L’année suivante, le temps de formation théorique sera porté à 7 mois et demi, chaque élève-éducateur étant tenu de rédiger une monographie sous la direction d’un des enseignants du centre.

Dès1955, la formation initiale ne s’oriente pas uniquement sur les pratiques d’internat, on évoque déjà le problème des jeunes immigrés, bien avant le regroupement familial des années 1970.

Petit à petit, l’éducateur qui avait construit son identité en internat grâce au sport et aux loisirs, se sensibilise à la psychologie sociale appliquée, à l’animation des groupes. Il investit de nouveaux champsde compétence dans sa rencontre avec les jeunes, dont il partage la vie en internat.

Dès 1957, aux stages d’observation s’ajoute un stage en milieu ouvert.

Les travaux monographiques des élèves-éducateurs sont de plus en plus orientés vers des enquêtes de terrain à dominante sociologique. Il y a, semble-t-il, une volonté manifeste de la direction de l’Éducation surveillée de sortir l’éducateur du champ clos de l’internat, en lui permettant de mieux appréhender l’univers social des jeunes, tout en lui donnant de nouveaux outils d’intervention. Pierre Ceccaldi, directeur de l’ES, évoquera en 1962 « la transformation du rôle de l’éducateur du jeune délinquant, avec une ouverture toujours plus grande de son action sur la vie sociale.»

Le projet de formation initiale

On peut être questionné par le titre : L’éducateur de jeunes délinquants. Depuis l’ordonnance du 23 décembre 1958sur l’assistance éducative, le juge des enfants et l’Éducation surveillée ne limitent plus leur intervention aux mineurs délinquants, l’ES s’inscrit dans les politiques de prévention en intervenant, à la demande du juge, auprès des mineurs en danger. L’éducateur de l’Éducation surveillée ne peut plus être défini, uniquement par rapport à la délinquance juvénile. Il y a, là, une proximité de termes qui pèsera lourd auprès de l’opinion publique, qui associera souvent l’enfant en danger, qui relève du droit civil, à l’enfant délinquant, qui relève du pénal. L’enfant en danger était-il un délinquant en puissance ?

Jean Stoezel définit l’éducateur de jeunes délinquants comme « celui qui doit rendre ses élèves sociaux, c’est-à-dire utiles à la société quand ils sont livrés à eux-mêmes et en même temps les amener à trouver satisfaisante la position qu’ils auront dans la société ».

La rééducation se fonde sur une logique de réinsertion et de réadaptation sociale. « Si à l’origine, écrit Pierre Ceccaldi, l’éducateur était enfermé dans les frontières étroites de l’internat, il doit exercer également ses fonctions en milieu libre, il travaille dans la cité, au cœur des institutions sociales, il doit y prendre une place marquante.»

Podcast : les années 60
Informations[2]