Dans les années 30 & 40

Au préalable

Podcast : de 19120 à 1935
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Les années 30

«Sur les traces des premiers éducateurs de l’Éducation surveillée, 1937-1962 » Morceaux choisis article de Jacques Bourquin

1930 : L’Administration pénitentiaire est de nouveau au banc des accusés, l’opinion publique prend progressivement fait et cause pour les pupilles des maisons d’éducation surveillée. Il est à remarquer, pour expliquer cette évolution de l’opinion, qu’au milieu des années 1930, le chiffre de la délinquance des mineurs est très bas, peu d’enfants sont nés entre 1914 et 1918, la délinquance juvénile n’est pas perçue comme un danger social.

Les pouvoirs publics se saisissent à nouveau de la nécessité qu’il y a à réformer les institutions pour mineurs de justice.

L’apparition des moniteurs-éducateurs

Un autre décret du 26 octobre 1935 crée au sein de l’Administration pénitentiaire l’emploi de moniteur-éducateur, le tiers des emplois vacants dans les maisons d’éducation surveillée est réservé aux candidats possédant le tout nouveau diplôme d’assistant social ou le certificat d’aptitude à l’enseignement des enfants arriérés, diplôme créé en 1909 pour les instituteurs chargés des enfants présentant des difficultés scolaires liées à leur manque de moyens. L’offre n’était pas très engageante, 900 francs par an, il n’y eut aucun candidat.

Un nouveau directeur est nommé à la tête de l’Administration pénitentiaire, Mainfroid Andrieu. Dans un rapport de juillet 1936, qu’il demande au psychologue J.-M. Lahyla conclusion mentionne : « La peine ne doit plus apparaître comme une sanction attachée à la faute mais comme une mesure susceptible d’améliorer le jeune dévoyé, de permettre sa rééducation. On ne doit plus le considérer comme un être déchu sur lequel la société se venge mais comme un malheureux qui a besoin d’être protégé, redressé. »

Concernant les pratiques avec les jeunes (on ne parle plus de pupille), il est recommandé le sport, les activités libres et des essais de self-government. Le rapport conclut à la nécessité de la formation des personnels avec un lien entre la pratique et la recherche, un essai de coordination avec les autres secteurs de l’enfance et sur la pratique des autres pays.

Vers la professionnalisation des éducateurs

1936-1939 : Le temps des réformes, la génération des pionniers

Une loi du 13 août 1936, proposée par le garde des Sceaux du gouvernement du Front populaire crée un cadre d’éducateurs pour les maisons d’éducation surveillée dont la fonction est à la fois de « rééducation morale, formation professionnelle et maintien de la discipline ».

Le personnel, précise la loi, n’est plus recruté directement par l’Administration pénitentiaire, il doit être détaché de l’Éducation nationale et de la direction de l’Enseignement technique.

Si la direction de l’Enseignement technique, qui dépend à l’époque du ministère du Travail, répond favorablement à cette attente, l’Éducation nationale sera plus réservée quant à cette collaboration. Elle ne proposera comme candidats moniteurs-éducateurs qu’une quinzaine d’instituteurs surnuméraires ayant peu d’expérience pédagogique, ils sont toutefois volontaires, certains ont milité dans des mouvements de jeunesse.

Ils se retrouveront, en décembre 1936, dans le cadre d’un stage de formation de cinq semaines, organisé à la prison de Fresnes.

Le programme du stage inclut des notions de droit enseignées par le président du tribunal pour enfants et adolescents de la Seine. Le docteur Georges Heuyer, qui a mené plusieurs travaux sur la délinquance juvénile, introduit la neuropsychiatrie infantile ;sur le plan pédagogique, interviennent Berthier, directeur de l’école des Roches à Verneuil-sur-Avre, qui parle des pratiques liées au scoutisme et à l’éducation anglo-saxonne : le self-government, ainsi qu’un des futurs fondateurs des CEMEA. L’inspecteur Roumajon évoque la formation professionnelle.

Ces éducateurs ont une identité encore bien incertaine. Jean Dublineau, médecin psychiatre, s’intéresse à ce nouvel éducateur dans un numéro de 1939 de Pour l’enfance “coupable”. L’auteur, qui se réfère à la fois au surveillant, au maître d’internat, lui donne comme fonction « d’assurer la prise en charge d’enfants en état d’orphelinat moral ». Par cet euphémisme, il désigne les enfants qui relèvent de la Justice. « C’est, poursuit le Dr Dublineau, “un rôle éminemment social”... l’éducateur est le personnel de base de l’internat où il aura à être en contact avec l’instituteur, le maître d’atelier, le psychologue, à lui seul il sera un peu tout cela suivant les heures et les circonstances. Il sera l’émanation du cadre de la nouvelle famille où se remodèleront les tendances des pupilles, où devront s’élaborer leurs nouveaux réflexes sociaux. »

Podcast :1936
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